Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le Silence de l'Apprenti est'il constructeur ?

Le sujet que vous m’avez demandé de développer, m’a amené à des recherches et à une réflexion que je compte vous transmettre ce soir.

Il me faut bien de l’inconscience pour vous parler de ce qui est absence de parole, car en ce moment même, je suis en train de le briser, la meilleure explication serait de l’écouter, il parle de lui-même.

Je vais quand même essayer d’apporter une réponse personnelle, ce qui permettra à chacun de vous, je l’espère, d’y trouver des éléments de réflexion.

Ce silence qui a été imposé à chacun est la première étape de notre apprentissage.

Notre Rite, en me plaçant au Nord, m’a fait don du silence, mais au début je ne savais pourquoi.

Je me suis contenté de me taire respectant la tradition sans savoir qu’il n’était que silence en apparence.
A quoi sert-il ?
A tout.
A rien.
Il est partout, il vit partout.
Dans la vie, dans la mort.


Dans leurs rapports les uns avec les autres, la plupart des hommes se règle sur le comportement et sur les paroles de leurs semblables pour calculer ce qu’avec ces derniers ils pourront se permettre en paroles et actes.

L’esprit de chaque personne tel que le révèlent ces élocutions, gestes et silence oppose des barrières variables propre à chaque homme.

Après recherches, je découvre que le silence n’est pas propre au monde biblique, il est universel et se retrouve dans la  plupart des traditions spirituelles.
Tout d’abord le silence est un pilier fondamental de la vie monastique, il constitue un instrument irremplaçable de contemplation, méditation et découverte.

Il constitue aussi une caractéristique du mode de vie des Pythagoriciens, il est chez ces initiés une finalité hautement spirituelle.
Ces hommes étaient des gens silencieux, toujours près à écouter les autres, au point que savoir écouter était pour eux motif d’éloge.
Un silence de sept ans leur était imposé.

Apprendre à faire silence est un véritable secret de métier qui consiste à faire naître une sensibilité initiatique.
Je m’impose ce travail sur moi-même au début de mon apprentissage, je commence donc à me taire.
Et là, surprise, Victor Hugo avait raison, il disait : “Il y a tempête sous un crâne”.
Je n’entend plus que moi, je me saoule.

Pour moi il n’est pas facile de faire silence, les causes sont sûrement dues à mon métier professionnel, la parole est un outil, elle est mon arme pour flatter, influencer, manipuler, arriver le plus vite possible à mes buts.
Sans cela, que serait mon parcours professionnel ?
Suis-je coupable ?

Le bavardage fait vagabonder notre mental, il empêche la réceptivité, l’attention, la concentration.

Grâce à vous je découvre que faire silence s’apprend, car c’est un acte autrement plus difficile que le simple fait de se taire.
Il ouvre des portes vers le discernement, le jugement, la mesure, la modération, la prudence.
Il me donne une force d’analyse qui me dirige vers la connaissance, connaissance acquise avec beaucoup d’observation.
Je constate aussi qu’en Loge, il gère l’échange de la parole de manière à  en assurer la paix, le calme et la liberté de chacun.

Il fait partie du Rituel, et comme tout Rite il répond à une fonction.
Le silence m’a fait approfondir le Symbolisme rendu vivant à chacune de nos tenues, il me permet de séparer le subtil de l’épais.

La lumière n’existerait pas sans les ténèbres, la mort sans la vie, l’apprenti sans le silence, car il amène à un rapprochement à penser entre faire et se faire.

Après une année passée à maîtriser mes paroles, mes actes, je me sens plus mûr, plus adulte.
Dans la vie active, il m’est plus aisé de faire passer des messages lors de dialogues car la maîtrise de soi donne de l’assurance, de la force qui est perçue directement par mon interlocuteur.
Le silence me réapprend à parler, à produire de la parole au lieu d’en reproduire, il est l’espace entre les mots, l’attente avant de dire, la réflexion avant l’acte.
Car le dialogue n’est pas faire du bruit, c’est pour cela que je dis merci à la F.°.M.°., merci à vous mes Frères.

Dans la Loge, la colonne du Nord est silencieuse, la moins active, elle est analogue à l’hiver période silencieuse où la mort n’est qu’apparente.

Période où je profite pour écouter mon moi intérieur, à me canaliser, méditer dans le silence, sur les paroles de mes Frères, même si je suis en désaccord avec vous parfois, le fait de rester silencieux m’oblige à réfléchir sur ce qui a été dit, et revenir sur mes opinions, sur mes idées préconçues.

Et là je comprend que l’éducation scolaire, la vie active nous ont appris souvent à parler sans cesse, sans but, sans intelligence.
Et là sur les colonnes du Nord, moi qui n’ait que trois ans, je repars du début,  le silence puis apprendre à épeler tel un enfant qui fait ses premiers pas vers le verbe.
Une des capacités que m’a donné ce travail sur moi-même réside que dans ma vie profane je peux choisir quoi écouter.
Lors d’un repas, d’une réunion comme si chaque convive était un instrument d’un même orchestre, je peux me permettre de saisir le son d’un seul d’entre eux pendant que tout le monde joue, quelle félicité pour moi, je ne puis vous traduire la richesse de cet enseignement, pardonnez-moi.
Cette étape constructive ne concerne pas uniquement les apprentis, mais tous les Frères sans distinction de grades.
C’est dans un profond silence que les Frères entrent dans le Temple lors de nous tenues.
A la fermeture des travaux, les surveillants annoncent après l’avoir constaté que le silence règne sur les colonnes et le Vénérable fait jurer aux assistants de garder le silence sur la nature des travaux qui viennent de se dérouler.
Ce qui montre bien qu’il y a une hiérarchie d’intensité et de sens dans ces différents silences.

Avant de clôturer ma planche, j’aimerais dire que l’absence totale de bruit amène au sacré, à cette communion de l’esprit et des sentiments.
Pour vous faire ressentir cela, mes Frères, je vais vous demander de fermer les yeux pendant une minute et de penser à nos Frère  qui sont passés à l’Orient éternel.

Vous l’avez ressenti mes Frères le silence est chargé d’émotions, il est le plus beau des langages, la plus belle émotion car il n’y a pas que le verbe qui permet de communiquer, de communier.

Le silence des mots, des sons n’exprime pas la fin mais une autre dimension propre à chacun car :
RIEN NE MEURT, TOUT EST VIVANT.

Maintenant, permettez-moi de  retourné au silence.

J’ai dit, V\M\

R\ L\ 


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