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Loge : NP - Orient de Paris -

06/03/2007


Que venez-vous faire en Loge ?
ou
Peut on se construire seul ?

Préambule

Après l’exposé de ma précédente planche, vous m’avez posé des questions et fait des apports et je vous en remercie.

Un des apports que j’ai particulièrement retenu est que ma planche se terminait avec pessimisme.
Ce n’était pas ce que j’avais voulu.
Je m’étais, sans m’en rendre compte, arrêté sur mon chemin ou plutôt à côté du chemin.
Il manquait simplement une petite phrase pour donner de l’optimisme à cette planche.
 
Vous m’avez éclairé de vos lumières et m’avez remis sur le chemin.
C’est ce que vous m’avez apporté, à ce moment là, que je viens chercher en Loge.
Oui, c’est cela, …….. mais pas seulement.
 
Que viens t‘on faire en loge ?
Votre question me parait facile car je sais ce que je viens y faire et j’ai beaucoup à dire.
Vous m’auriez demandé ce que je venais faire en atelier d’apprenti, que j’aurais été bien sec.
 
Mais, définissons d’abord ce qu’est une Loge.
Une Loge est un endroit ou des M.·. s’assemblent et travaillent.
Le tout guidé et inspiré par le savoir-faire de la F.·.M.·..
 
Il n’y a pas de F.·.M.·. sans Loge dit le manuel de l’apprenti.
Chaque Frère doit donc appartenir à une Loge, se soumettre non seulement à son règlement particulier, mais aussi aux règlements généraux, participer à sa vitalité et respecter son esprit particulier.
 
Dans la Maçonnerie opérative, une Loge était un lieu ou l’on entreposait les pierres taillées dans l’attente d’êtres assemblées.
Dans la Maçonnerie spéculative d’aujourd’hui n’êtes vous pas, vous les Maîtres, les pierres taillées de la Loge ?  
 
En venant en Loge, je viens pour avancer sur mon chemin.
Ce faisant, j’avance aussi vers la lumière.
Au début, j’étais comme un aveugle et maintenant,
-         A force de parler de la lumière, je finis par oublier ma cécité,
-         A force de croire à la lumière, je finis par croire que je vois,
-         A force de chercher la lumière, je vais bien finir par la trouver.
Je sais que si je persévère, je vais m’affranchir des ténèbres. La lumière finira par m’éclairer.
 
En Loge, nous venons nous motiver.
Pour moi, le déroulement d’une tenue de la Loge dans le temple se déroule avec une concentration qui va crescendo.
Le noir est fait pour mieux parvenir à la lumière.

L’illumination progressive du temple est ponctuée par des demandes :
-         Que la SAGESSE préside à la construction de notre édifice,
-         Que la FORCE le soutienne,
-         Que la BEAUTE l’orne.
Puis le temple est enfin éclairé, la Loge est concentrée et cette concentration devient palpable.
 
Qu’avons nous demandé lors de notre première entrée dans le temple ?
La question nous a été posée et nous avons répondu :
La lumière, V.·.M.·.
C’est ce que l’on vient rechercher, que cette lumière éclaire pour rendre les étoiles visibles.

Et les étoiles, nous les voyons.
Mais nous voyons aussi tous les autres symboles.
Ceux que nous avons étudié ou que nous nous devons d’étudier pour découvrir leurs significations et ce qu’ils nous proposent.

Un de ces symboles, celui qui pour moi est le plus fort, est votre tracé V.·.M.·.
Il résume ce que chaque Frère présent ici en Loge doit atteindre : Le point d’équilibre.

Ce point, qui va dans le carré, dans le cercle et dans le triangle.
Il nous faut trouver ce point pour être tiré de peine, angoisse et danger.
Si l’on ne trouve pas ce point, tout est vain.

Il me semble qu’arrivé à la définition de ce point, l’attention en Loge est à son maximum.
Le travail peut alors commencer.
Et si nous sommes attentifs, nous allons en retirer Profit et Joie.
On sent, passé ces moments : L’exaltation.

Si un Frère visiteur est présent, il lui est demandé ce qu’il vient faire en Loge et celui-ci de répondre :
-         Soumettre ma volonté,….. au V.·.M.·. et au rituel,
-         Vaincre mes passions,….. qui pour un apprenti pourrait être de vouloir parler,
-         Faire des progrès en Maçonnerie,….. par l’étude des symboles qui nous entourent
C’est tout cela que l’on vient faire en Loge.
 
Mais c’est aussi travailler à l’œuvre.
Alors, vient l’heure du travail.
C’est le moment que j’attends avec impatience.
C’est l’heure de l’enrichissement de tous.
Les orateurs du jour peuvent parler, sans retenue. Dire ce qu’ils pensent des sujets imposés. Exposer leur vision de ces sujets.

Chacun ensuite pourra :
-         Enrichir le sujet,
-         Apporter sa pierre à l’édifice,
-         Demander que la pensée de l’orateur soit précisée.
 
Dans un projet pour une Académie, Descartes dit :
Chacun de ceux qui seront reçus dans cette assemblée aura son tour pour proposer la question et pour l’expliquer.
Et tous retiendront le même ordre, entre eux, afin d’éviter la confusion.
L’on écoutera parler les uns les autres, avec douceur et respect, sans faire paraître jamais de mépris pour ce qui sera dit dans cette assemblée.
L’on ne s’étudiera point à se contredire mais seulement à chercher la vérité.
 
Ce projet d’Académie s’adapte parfaitement à la manière dont nous travaillons ici.
C’est aussi cela que nous venons faire en Loge.
 
Pour les apprentis, dont je suis, nous sommes ici dans un modèle binaire : Apprentis et Maîtres.
Vous parlez, nous nous taisons,
Vous donnez, nous recevons,
Vous émettez, nous réfléchissons,
Vous enseignez, nous apprenons,
Vous créez, nous cherchons à comprendre,
Vous agissez, nous subissons,
Vous voulez, nous nous soumettons.
C’est aussi cela que viens subir en Loge.
Si on réfléchit à ce modèle et si nous le méditons dans notre silence d’apprenti, il devient un modèle créateur.
 
La Loge est indissociable de l’esprit de la F.·.M.·. qui l’inspire.
« Bien au-dessus des soucis de la vie matérielle que nous avons quitté au dehors, s’ouvre pour le F.·.M.·. le vaste domaine de la pensée et de l’action. »
Cette phrase, extraite du rituel maçonnique montre ce que nous devrions trouver ici. 
La Loge aide à passer de la conjugaison du verbe avoir, à celle du verbe être.
Autrement dit, elle nous sert à cesser d’être quelque chose pour devenir quelqu’un, à abandonner la condition d’objet pour devenir sujet.
Pour cela, la Loge utilise la F.·.M.·. et son savoir-faire par rapport à cette finalité.
Elle nous aide dans la construction de notre histoire personnelle.
Elle nous place dans un contexte indispensable pour faire émerger du sens à notre quête.
Car nos compétences ne sont ni de l’ordre de l’avoir, ni de l’ordre de l’être, ni même de l’ordre du faire mais de l’ordre de l’homme qui se sait en devenir.
C’est aussi à cela que me sert la Loge.

Il y a aussi ce que l’on vient donner en Loge.
Nous donnons notre fraternité, à tous, sans demander celle de personne.

Nous, les apprentis, tout nous est profit. Nous prenons sans cesse et beaucoup ……..Sans rien vous donner.
Nous sommes confortables sur les colonnes du Nord……Seulement pendant un temps.
Ce bon temps de ne pas avoir à prendre la parole.
Aujourd’hui, nous avons hâte d’apporter, dans la mesure de nos moyens bien sur.
Pour ma part, je commence à avoir envie de prendre part, d’enrichir le débat, d’apporter ma pierre à l’édifice.
C’est ce que je souhaite, aujourd’hui, bientôt faire en Loge. 

Tout indique dans ce qui précède que nous avons besoin les uns des autres et que nous ne pouvons pas nous construire seul.

L’homme seul est un leurre.
Robinson sur son île, Saint Jérôme dans son désert, Tarzan dans sa jungle sont autant de fictions, de vues de l’esprit.
Physiquement et mentalement, nous sommes dépendants de notre hérédité, de notre éducation, du milieu social dans lequel nous vivons.
Nos progrès se font par l’imitation et par l’enseignement.
Gardons-nous toutefois de ressembler à l’autre.
Aidons-nous à nous construire, mais soyons : Nous.

La Loge est un laboratoire dans lequel se fabriquent des hommes.
Nous sommes ici pour, individuellement, nous sublimer.
Nous n’y parviendrons qu’ensemble parce que nous poursuivons tous le même but :
Trouver la pierre cachée qui est en nous en rectifiant.
Changer ce vil plomb en or.
 
Beaucoup de gens aujourd’hui se disent lettrés.
Un illettré aujourd’hui n’est pas celui qui n’a pas appris à lire, mais celui qui n’a pas appris à apprendre.
La signifiance, cette capacité à faire émerger le sens des choses doit nous aider à extraire les sens des symboles qui nous entourent et cela ne se fait pas seul.

Si l’on ne peut pas se construire seul, il est toutefois nécessaire de s’aider soi-même, de travailler seul, d’étudier seul.
Mais là aussi, nous nous faisons nous pas aider par les autres.
Les documents que nous étudions, les livres que nous lisons, sont autant de travaux réalisés par d’autres, dont nous profitons.
Si je ne m’étais pas aidé d’Internet, du contenu des livres que j’ai acquis, des documents de la bibliothèque de la Rue Puteaux, cette planche n’aurait pas été conséquente. 

Avec toutes ces aides, ces repères, cette fraternité, en résumé, tout « ce que nous venons faire en Loge », nous venons ici, avancer vers la lumière.

J’ai dit V\M\

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